Vitrail de Ste Cécile (XIIe siècle)

 

 

 

 

 

 

 

 Localisation du vitrail : Triangle rouge

Le vitrail de Ste Cécile a subit de nombreuses modifications. Ces fragments qui ont été envoyés à Paris en 1884 pour figurer à l’Exposition Universelle de 1889 étaient restés au Musée du Trocadéro. Ils ont été restitués à la cathédrale en mai 1922. Le chanoine Villepelet note en 1924 que dix médaillons se rapportent à la vie de Ste Cécile. En 1924 figuraient dans ce vitrail les puisatiers et les forgerons ainsi que Marie-Madeleine (repas chez Simon) et la résurrection de Lazare. La présentation actuelle semble dater de 1950, date à laquelle l’atelier Lorin de Chartres créa l’entourage contemporain.

 

 

 

Cécile de Rome, une des sainte Cécile aurait vécu à Rome, aux premiers temps du christianisme. Sa légende en fait une vierge qui, mariée de force, continua à respecter son vœu de virginité. On la fête le 22 novembre. Sainte Cécile est la patronne des musiciens et des musiciennes ainsi que des brodeurs et brodeuses.

 

 

 

En France, la cathédrale d’Albi est la seule cathédrale à porter le vocable de sainte Cécile. Cette cathédrale est inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO, et possède le plus grand orgue classique de France. Cécile y est honorée chaque année lors de sa solennité avec vénération des reliques lors de la messe solennelle de la sainte Cécile.

 

 

 

Elle vécut en Sicile. Entre 176 et 180, sous l'empereur Marc Aurèle, elle fut condamnée au martyre, après avoir converti de nombreuses personnes, dont son mari. Les actes de son martyre n'ont rien d'authentique.

 

Un passage de sa légende affirme qu'en allant au martyre elle entendit une musique céleste. Cette anecdote en fera la patronne des musiciens, des luthiers et des autres fabricants d'instruments de musique. On la représente avec une couronne de fleurs, symbole de virginité, un plant de lys, un instrument de musique et une épée. Elle est souvent enturbannée et richement habillée, signes d'une origine patricienne. C'est l'un des martyrs des débuts de l'Église les plus vénérés, mentionné dans le canon de la messe depuis 496.

 

Sa dépouille fut retrouvée en 821 dans les catacombes de St Calixte puis transférée au quartier de Trastevere, où une basilique fut construite pour l'accueillir. Lors des fouilles de 1599, le corps fut exhumé et l'on s'émerveilla de le trouver intact et dans sa position d'origine. Cet évènement contribua à renforcer l'intérêt pour l’Église primitive, qui imprégnait certains milieux ecclésiastiques et intellectuels de l'époque. Le sculpteur Stefano Maderno (1576-1636) était présent lors de l'identification de la dépouille. L’œuvre qu'il réalisa aussitôt rend compte de cette fascination devant les témoignages de l’Église originelle.

 

 


Le vitrail

 

L'origine de ce vitrail est à l'heure actuelle inconnue. J' émet une hypothèse : ne viendrait-il-pas d'une des églises de Bourges vendues comme bien national pendant la Révolution et détruites par des entrepreneurs soucieux de réemployer les pierres. Le vitrail devenant inutile aurait pu être donné au chapitre de la cathédrale...

Ce vitrail est bien du XIIe. Les bleus sont ceux utilisés à cette époque par les verriers : ce sont des bleus dits "de Chartes" obtenus à partir d'oxyde de cobalt. Son grand age (850-900 ans) fait qu'il est très abimé.

Quand il a été installé en 1950 tel que nous le voyons aujourd'hui, on a pas tenu compte de la légende de Ste Cécile et les éléments ont été posés de manière fantaisiste, ce qui en rend la lecture malaisée.

Ci-dessous, j'ai tenté de remettre dans le bon ordre ces médaillons et vous trouverez sous chaque photo une explication succincte. En plus, les deux derniers médaillons sont difficilement identifiables et appartiennent peut-être à un autre vitrail disparu.


Identification de personnages dans ce vitrail recomposé

 

Description générale

Identification des personnages représentés. 
Vitrail.  Dimensions de la verrière : 200x 600 cm. Ce vitrail est protégé au titre des Monuments Historiques (il a été classé au titre immeuble en 1862, référence : PM18000462). État de conservation : restauré. Lecture difficile au deuxième niveau, illisible au quatrième niveau. Inscription conservée in situ. Localisation : côté sud, deuxième travée avant le déambulatoire. Ces panneaux retrouvés dans les combles au xixe siècle ont été envoyés à Paris dans les années 1880 et conservés jusqu’en 1922 au musée du Trocadéro, puis rendus à la Cathédrale. L’histoire de sainte Cécile reste incomplète et la provenance des ces fragments demeure inconnue. Ils figurèrent à l’exposition des Arts décoratifs en 1884 et aux expositions universelles de 1889 et 1900. Ils furent restaurés par Leprévost à la fin du xixe siècle, puis par Chigot entre 1947 et 1955. Caractères peints.
Datation : vers 1205-1214 [datation par le support en accord avec l’analyse paléographique] et xixe - xxe siècles.

 

Description paléographique

Disposition horizontale sur une ou deux lignes. Présence de réglures. Écriture onciale pour la première inscription ; capitale pour les suivantes et mélange de capitales et d’onciales pour les dernières. Petits caractères dans la deuxième inscription. Abréviation de sanctus et sancta par un S barré ; apostrophe pour marquer la finale -us de Urbanus. Une seule marque de ponctuation par deux points ; pas de décor.

 

Édition imitative

Deuxième registre :
Scène centrale : Les anges donnent la couronne du martyre à sainte Cécile, bandeau au-dessus du personnage de gauche (fond marron, lettres oranges) :
1 S̶ CECIL[..] 

Scène de droite : Saint Valérien et saint Urbain, bandeau, haut de la scène (fond marron, lettres oranges) :
1 S̶ VALERIANVS 
2 S̶ VRBAN 


Quatrième registre :
Scène de gauche, haut de la scène (fond noir, lettres blanches) :
1 S̶ VALE
2 RIANVS : 

Scène centrale, haut de la scène (fond marron, lettres jaunes) :
1 S̶ VALERIANVS 

Scène de droite, à la verticale, à droite de la scène (fond marron, lettres jaunes) [lecture d’après cliché] :
1 S̶ CECILIANA 


Sixième registre :
Scène de droite, cartouche au-dessus de la tête du personnage (fond marron, lettres jaunes) :
1 VRBAN 

 

Édition normalisée

S(ancta) Cecil[ia] ; s(anctus) Valerianus ; s(anctus) Urban(us) ; s(anctus) Valerianus ; s(anctus) Valerianus ; s(ancta) Ceciliana ; Urban(us).

Traduction

Sainte Cécile. Saint Valérien, saint Urbain. Saint Valérien. Saint Valérien. Sainte Cécile. Urbain.

 

Commentaire

 

Ce vitrail est composé de plusieurs fragments provenant de verrières différentes. Les inscriptions ne concernent que l’histoire de sainte Cécile (son baptême, son martyre et sa mort)

 

Source : Site internet  "Titulus" - Corpus des inscriptions de la France médiévale

 

 


La Légende de Ste Cécile

 

 

La légende de Ste Cécile a été transmise dans la Légende dorée de Jacques de Voragine.

 

Issue d'une noble famille romaine, elle voua sa vie très jeune à Dieu et fit vœu de virginité. Arrivée en âge de se marier, ses parents lui choisissent Valérien pour époux, un païen. Après plusieurs jours de prière et de jeûne, arrive la nuit de noces : elle révèle son secret à Valérien, et lui demande de respecter sa virginité, ainsi que de se convertir.

La Légende Dorée de Jacques de Voragine rapporte ainsi les paroles de sainte Cécile : « J'ai pour amant un ange qui veille sur mon corps avec une extrême sollicitude. S'il s'aperçoit le moins du monde que tu me touches, étant poussé par un amour qui me souille, aussitôt il te frappera, et tu perdrais la fleur de ta charmante jeunesse ; mais s'il voit que tu m’aimes d'un amour sincère, il t'aimera comme il m’aime, et il te montrera sa gloire. »

Valérien, maîtrisé par la grâce de Dieu, lui répondit : « Si tu veux que je te croie, fais-moi voir cet ange, et si je m’assure que c'est vraiment un ange de Dieu, je ferai ce à quoi tu m’exhortes ; mais si tu aimes un autre homme, je vous frapperai l’un et l’autre de mon glaive. »

Le frère de Valérien, Tiburce, se convertit à son tour, et un ange lui annonce qu'ils arriveront tous deux auprès du Seigneur avec la palme du martyre. Cécile répond à Tiburce qui exprime ses craintes de mourir : « Si cette vie était la seule, ce serait avec raison que nous craindrions de la perdre : mais il y en a une autre qui n'est jamais perdue, et que le Fils de Dieu nous a fait connaître. Toutes les choses qui ont été faites, c'est le Fils engendré du Père qui les a produites. Tout ce qui est créé, c'est l'Esprit qui procède du Père qui l’a animé. Or, c'est ce Fils de Dieu qui, en venant dans le monde, nous a démontré par ses paroles et par ses miracles qu'il y a une autre vie. »

Valérien et Tiburce s'emploient à donner des sépultures aux corps des martyrs que le préfet Amalchius faisait tuer comme criminels, et brûler. Jusqu'au jour où ils sont dénoncés. (En effet, à l'époque les chrétiens n'étaient pas recherchés, mais s'ils étaient dénoncés on les forçait à renier leur foi et à adorer les dieux des Romains.)

Ils proclament au préfet : « Nous supportons maintenant l’ignominie et le labeur ; mais plus, tard, nous recevrons la gloire et la récompense éternelle. Quant à vous, vous jouissez maintenant d'une joie qui ne dure pas, mais plus tard, aussi, vous ne trouverez qu'un deuil éternel. » Le préfet répond : « Ainsi nous, et nos invincibles princes, nous aurons en partage un deuil éternel, tandis que vous qui êtes les personnes les plus viles, vous posséderez une joie qui n'aura pas de fin ?

 

— Vous n'êtes que de pauvres hommes et non des princes, nés à notre époque, qui mourrez bientôt et qui rendrez à Dieu un compte plus rigoureux que tous. — Pourquoi perdre le temps, en des discours oiseux ? Offrez des libations aux dieux, et allez-vous-en sans qu'on vous ait fait subir aucune peine. »

 

Les deux frères répliquèrent : « Tous les jours nous offrons un sacrifice au vrai Dieu. » Ainsi, reprit le préfet : « Jupiter, ce n'est pas le nom d'un dieu ?

 

— C'est le nom d'un homicide et d'un corrupteur. — Donc, tout l’univers est dans l’erreur, et il n'y a que ton frère et toi qui connaissiez le vrai Dieu ? — Nous ne sommes pas les seuls, car il est devenu impossible de compter le nombre de ceux qui ont embrassé cette doctrine sainte. »

 

Au terme de ce procès, les deux frères furent livrés à la garde de Maxime. Celui-ci tente de les sauver une dernière fois de la mort : « Ô noble et brillante fleur de la jeunesse romaine ! Ô frères unis par un amour si tendre ! Comment courez-vous à la mort ainsi qu'à un festin ? »

 

Valérien lui dit que s'il promettait de croire, il verrait lui-même leur gloire après leur mort. « Que je sois consumé par la foudre, dit Maxime, si je ne confesse pas ce Dieu unique que vous adorez quand ce que vous dites arrivera ! » Alors Maxime, toute sa famille et tous les bourreaux crurent et reçurent le baptême d'Urbain qui vint les trouver en secret. Valérien et Tiburce furent, décapités et Maxime fouetté à mort. Cécile obtient l'autorisation de les enterrer (au lieu de les brûler) dans un tombeau de la voie Appienne et non dans les catacombes.

 

Cécile se sent menacée, mais sa foi est plus forte que sa peur et elle continue d'évangéliser chez elle et dans les jardins du mont Palatin. Le pape Urbain vient célébrer l'eucharistie chez Cécile pour ce groupe de chrétiens.

 

Un jour, elle est arrêtée et le juge la condamne à être décapitée en public, chez elle. Comme elle est belle et noble, les bourreaux lui demandent de changer d'avis. Elle répond : « Ceci n'est point perdre sa jeunesse, mais la changer ; c'est donner de la boue pour recevoir de l'or ; échanger une vile habitation et en prendre une précieuse : donner un petit coin pour recevoir une place brillamment ornée. Si quelqu'un voulait donner de l’or pour du cuivre, n'y courriez-vous pas en toute hâte ? Or, Dieu rend cent pour un qu'on lui a donné. Croyez-vous ce que je viens de vous dire ? — Nous croyons, répondirent-ils, que le Christ qui possède une telle servante, est le vrai Dieu. » On appela l'évêque Urbain et beaucoup de personnes furent baptisées.

 

Voici les paroles que sainte Cécile a pu adresser au préfet Almachius lors de sa condamnation :

 

- Amalchius : D'où te vient tant de présomption en me répondant ?

 

- Cécile : D'une conscience pure et d'une conviction sincère.

 

Ignores-tu quel est mon pouvoir ?

 

- Ta puissance est semblable à une outre remplie de vent, qu'une aiguille la perce, tout ce qu'elle avait de rigidité a disparu.

 

- Tu as commencé par des injures et tu poursuis sur le même ton !

 

- On ne dit pas d'injure à moins qu’on n'allègue des paroles fausses. Démontre que j'ai dit une injure, alors j'aurai avancé une fausseté : ou bien, avoue que tu te trompes, en me calomniant ; nous connaissons la sainteté du nom de Dieu, et nous ne pouvons pas le renier. Mieux vaut mourir pour être heureux que de vivre pour être misérables.

 

- Pourquoi parles-tu avec tant d'orgueil ?

 

- Ce n'est pas de l'orgueil, mais de la fermeté.

 

- Malheureuse, ignores-tu que le pouvoir de vie et de mort m’a été confié ?

 

- Je prouve, et c'est un fait authentique, que tu viens de mentir : tu peux ôter la vie aux vivants; mais tu ne saurais la donner aux morts. Tu es un ministre de mort, mais non un ministre de vie.

 

- Laisse là ton audace, et sacrifie aux dieux.

 

- Je ne sais où tu as perdu l’usage de tes yeux : car les dieux dont tu parles, nous ne voyons en eux que des pierres. Palpe-les plutôt, et au toucher apprends ce que tu ne peux voir avec ta vue.

 

Sainte Cécile se met à chanter en attendant le coup de hache du bourreau, mais ce dernier, après trois tentatives infructueuses, la laisse agoniser durant trois jours (la loi romaine interdisait le quatrième coup). Elle confie tous ses biens au pape Urbain et lui recommande ceux qu'elle a convertis, ainsi que sa maison pour en faire une église : elle subsiste aujourd'hui, c'est l'Église Ste Cécile-du-Trastevere, à Rome.

 

 

 


Documents à consulter ou à télécharger

 

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Les Petits Bollandistes - Paul Guérin
Légende de Ste Cécile
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Ste Cécile par Jacques de Voragine (fin XIIIe)
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Description du vitrail de Ste Cécile par les Pères Cahier et Martin (1841)
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Croquis d'éléments du vitrail de Ste Cécile par les Pères Cahier et Martin (1841)
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