Les techniques des verriers

 

 

 

XIIe et XIIIe siècles

Les traits constituent l'essentiel de la peinture des vitraux.
Ils indiquent tous les éléments à représenter : volume des corps, drapés, architecture ou autres éléments du décor. Le seul complément du trait est le lavis qui détermine les ombres d'une façon conventionnelle et uniforme.
L'art roman du XIIe siècle ne cherche pas à représenter la réalité, les personnages sont souvent figés et sans expression.
Les décors comme les personnages sont codifiés, pour situer une scène, un ou deux détails sont figurés :

une arcade, un toit, une tour suggèrent une ville ou un édifice.
une porte, une fenêtre, un lit, un bougeoir caractérisent un intérieur.
une branche, des fleurs, des brins d'herbe renvoient vers l'extérieur.
L'intérêt avant tout est la clarté du message. Les différents objets sont dessinés sous l'angle le plus lisible pour l'observateur.

Le peintre verrier du XIIIe siècle conserve le même souci de codification et de démonstration tout en cherchant à se rapprocher de la réalité. Le dessin des personnages se fait plus précis et gagne en naturel. Les vêtements sont plus recherchés, on devine les proportions des corps sous les drapés.

XIVe siècle

Les verriers cherchent à représenter d'avantage la réalité.
Le graphisme des traits devient un soutien visuel disparaissant dans les ombres de la peinture.
Les personnages ont des attitudes pleines de vie.
Les peintres se détachent un peu des principes de représentation académique et essayent de rendre les volumes et les lumières.
Les modelés (les drapés notamment), sont obtenus en brossant dans le sens des plis, une couche de grisaille blaireautée afin de créer les valeurs claires. Les contours sont soulignés au trait. Les cheveux sont marqués de fines ondulations.
Le jaune d'argent apparaît au début du XIVe siècle. Cette teinture révolutionne le dessin qui s'affine. La coupe des pièces se trouve allégée : un seul verre réunissant deux couleurs (ex : un visage incolore surmonté de sa chevelure colorée au jaune d'argent). Le jaune d'argent est posé sur la face externe des pièces, la grisaille est travaillée sur la face interne.
Les damassés font leur apparition.

XVe siècle

Les jeux d'ombres et de lumières s'affinent pour donner du volume aux personnages. Les peintres ont abandonné le blaireautée brossé au profit du putoisé qui permet des dégradés plus doux, plus souples. Les damassés sont d’avantage utilisés. La sanguine est créée à la fin du XVe siècle. Cette couleur vitrifiable appelée plus tard « Jean Cousin » donne un ton roux lorsqu'elle est concentrée et un ton chair lorsqu'elle est diluée. Elle est employée pour les cheveux et la carnation.

XVIe siècle

Les peintres verriers du XVIe siècle maîtrisent désormais de façon remarquable l'application des différentes peintures : les grisailles brune et noire, le jaune d'argent et la sanguine. Ils ont à leur disposition un large éventail de pinceaux, brosses, petits bois et plumes.
De plus, l'influence de la renaissance italienne, une bonne connaissance anatomique du corps humain et la volonté de personnaliser et rendre vivant chaque personnage (expression, attitude,...) font de ces vitraux de véritables tableaux.
Cependant les messages véhiculés passent au second plan, contrairement aux vitraux médiévaux où la transmission du savoir est primordiale.
Au milieu du XVIe siècle, une nouvelle découverte technique fait ses premiers pas : l'émail. Son utilisation va aller grandissante et l'on trouvera au XVIIe siècle des vitraux en verre incolore entièrement peints à l'émail.

XVIIe et XVIIIe siècles

La période néoclassique voit disparaître les connaissances en matière de fabrication des peintures sur verre et en verres colorés dans la masse.
Cela répond au courant de pensée du siècle des lumières : volonté de clarté au sein des édifices donc propagation des vitreries claires.

XIXème siècle

Au XIXe siècle, les restaurations que les verriers doivent accomplir après deux siècles d'abandon du patrimoine et l'engouement des milieux artistiques et intellectuels pour le Moyen-Âge, permettent un renouveau du vitrail. Les nombreux tâtonnements et expérimentations tant en matière de fabrication que application des différentes peintures, font que la mauvaise conservation, voire la quasi disparition de ces peintures est l'un des signes distinctifs des vitraux du XIXe siècle. Les techniques employées regroupent toutes celles évoquées auparavant puisque les verriers s'attachent aussi bien à imiter les verrières du Moyen-Âge qu'à créer de véritables tableaux réalistes sur verre. C'est également à cette époque que des procédés de peinture en série sont employés à grande échelle afin de réaliser des verrières en grisaille décorative (cage à mouche).

 

Source : infovitrail.com


L'enlèvement : le principe consiste à supprimer partiellement de la matière sur une peinture non cuite pour permettre le passage de la lumière. La partie supprimée peut être enlevée d’une façon franche à l’aide d’outils durs (plume d'oie, petit bois) ou alors de façon douce à l’aide de brosses plus ou moins souples.

 

Autrement dit, le verrier va étendre sur du verre coloré dans la masse, une couche de grisaille sur la totalité de la surface; puis, il laisse sécher avant d'enlever, avec une plume d'oie par exemple, la grisaille pour faire réapparaitre la couleur d'origine. On peut de cette manière réaliser de très beaux décors tels que des draperies. Ensuite, il faudra repasser la composition au four à une température comprise entre 550° et 620° pour fixer la grisaille.

 

Cette technique apparait dès le début du XVe siècle dans les vitraux de la cathédrale de Bourges; notamment dans le vitrail de la chapelle sainte Jeanne-de-France et dans celui de la chapelle saint Joseph. Ces chapelles ont été construites durant la première décennie du XVe siècle et leurs vitraux sont de la même époque. Le duc Jean de Berry avait attiré à Bourges, à l'occasion de la construction de sa Sainte-Chapelle, un certain nombre d'artistes dont des peintres-verriers. Il est probable que les verriers ayant travaillé sur le chantier de la Sainte-Chapelle aient aussi œuvré à la réalisation de ces deux vitraux.

 

On va tout au long du XVe siècle trouver des "enlevages" dans les vitraux de la cathédrale de Bourges. Au début du XVe siècle, les enlevages sont très soignés car réalisés en utilisant une plume d'oie, dans les vitraux de la deuxième partie du XVe siècle, les verriers vont privilégier les enlevages avec une brosse, ce qui permettra des dégradés dans les couleurs au détriment de la finesse du dessin comme dans les chapelles saint Jean-Baptiste, sainte Thérèse et Notre-Dame-de-Sales.