Salle du Chapitre

 

Cette salle se situe au-dessus de l'escalier menant à l'église basse. On y accède en montant quelques marches et par une porte datant du XVe siècle.

Annexe discrète et peu connue de la cathédrale de Bourges, l'ancienne salle capitulaire, accolée au porche latéral nord, est un des rares locaux fonctionnels du monument. La cathédrale, pourtant dotée d'un nombreux personnel, chanoines, vicaires, chapelains, employés (en tout, environ 80 personnes) ne disposait à l'intérieur du grand édifice d'aucun lieu de réunion, de vestiaire, de rangement, de commodités en un mot. Le Maître de Bourges, s'il a bien exalté l'unité de l'espace intérieur, l'a fait au détriment, et même à l'exclusion de tout aménagement utilitaire. Une institution telle qu'un chapitre cathédral devait non seulement assurer des services liturgiques, mais aussi des responsabilités administratives, financières, domaniales et disciplinaires. Elle le faisait collégialement.

Sur les quarante prébendes canoniales établies depuis la fin du XIIe siècle, on comptait vingt-huit chanoines capitulants ayants voix au chapitre; quatre chanoines de résidence et huit chanoines semi prébendés écartés des réunions hebdomadaires. En décomptant les absents, les malades et les vieillards, le nombre des présent variait entre quinze et vingt.

Où se réunissaient-ils ? Un statut capitulaire de 1239 fait état de la réunion du chapitre général dans le chœur. L'examen des registres capitulaires, dont la série ne commence qu'au XVe siècle, montre que le chapitre tenait ses réunions ordinaires à proximité du chœur.

A la date du 23 décembre 1474, le chanoine André Chevrier, maître de l'œuvre ou fabrique de la cathédrale, donna connaissance à ses confrères du projet de construction d'un local capitulaire. Le budget en était fixé à 300 écus d'or augmenté de trois muids de blé en nature à prendre dans les greniers du chapitre. Les deux maçons désignés furent Jean Benoît et Simon Bouloye. Le chantier, ouvert à la mi-janvier 1475, se poursuivit jusqu'à la mi-juin 1475. A cette date, le projet primitif n'attendait plus que sa charpente et sa couverture. Mais le 23 juin 1475 les chanoines décidèrent d'y apporter un complément important : monter au-dessus du nouveau local un étage destiné à "l'audition des comptes". Ce supplément n'aurait pas posé de problème s'il n'avait pas nécessité une modification de l'accès. Il avait été prévu initialement une entrée directe depuis le porche latéral nord par une porte ouverte dans le mur qui bouchait désormais l'arcade orientale. Les délibérations du chapitre ne disent rien du problème le plus difficile : pour accéder à l'étage en passant par l'huisserie transférée dans le collatéral, il fallait un escalier à vis dont la cage empiétait sur la salle capitulaire et traversait son voûtement. Cette disposition portait atteinte à l'intégrité et à l'harmonie de la salle. Le 11 décembre 1475, le chapitre décida que l'édifice serait couvert et le 19 janvier 1476, les maçons estimant leur travail terminé vinrent réclamer leur dû.

La salle forme un rectangle d'environ 7,50m sur 5m pour une hauteur de 6m à la clé de voûte. Elle est contrebutée à l'extérieur par des contreforts en équerre. Elle comprend deux travées voûtées sur croisées d'ogive dont les clés portent un décor de fleurs de lys. Elle est éclairée par deux fenêtres. La plus grande, percée dans le mur gouttereau oriental, se compose d'un remplage à lancettes qui n'a sans doute jamais reçu que du verre blanc. La plus petite, dans le mur-pignon nord, est décorée d'un beau vitrail (3,47m de large par 2,08m de hauteur) représentant en trois lancettes la lapidation de saint Étienne et dans les mouchettes du tympan des anges musiciens. Les huit culs-de-lampe sculptés aux retombées des voutes représentent des prophètes, le roi David et Moïse. Elle a été épargnée par l'incendie de 1559.

Demeurée salle de réunion du chapitre jusqu'à la Révolution, elle reprit son rôle sous le régime concordataire mais reçut aussi les réunions de la fabrique paroissiale, nouvel organisme de la gestion de matérielle de l'édifice. A la fin du XIXe siècle (1894), elle subit une modification fâcheuse: un énorme calorifère ayant été construit sous la nef, on fit passer son volumineux conduit de cheminée par la salle capitulaire en perçant ses voutes au droit des retombée médianes, sacrifiant ainsi deux des culs-de-lampe. La Séparation des Églises et de l'État de 1905 libéra la salle capitulaire de son rôle administratif. Depuis elle est devenue le local de la Maîtrise et en abrite le vestiaire et les archives musicales.

 

Source : L'ancienne salle capitulaire de la cathédrale de Bourges - Jean-Yves Ribault - Cahiers d'Archéologie et d'Histoire du Berry N° 178 de juin 2009.

 


Bibliographie

 

Jean-Yves Ribault : "L'ancienne salle capitulaire de la cathédrale de Bourges"

                                  Cahiers d'Archéologie et d'Histoire du Berry N° 178 - Pages 17 à 22.


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