Chapelle Sainte Croix

anciennement de Saint Nicolas et de Saint-Yves

 

Cette chapelle fait partie des cinq absidioles entourant l'abside de la cathédrale. Elle est la plus au nord et près de la chapelle érigée par Jacques Cœur. Ces cinq absidioles sont construites en saillie, supportées au dehors des murs circulaires de l'abside par un contrefort. Les trois croisées qui éclairent chacune de ces absidioles sont en ogive lancéolée, entourées d'un boudin qui repose à la parie inférieure sur des bases. La voute est formée de six pénétrations, séparées par des nervures à boudins avec gorge, se réunissant à une clé formant une pétale de fleur graminée. Ces nervures reposent sur des chapiteaux à crochets, portés par des colonnes engagées.
Autrefois dédiée à saint Nicolas et à saint Yves. Ces deux saints étant les patrons des avocats et aussi de ceux qui rendent la justice, cette chapelle servait de siège à la confrérie des membres de l'officialité diocésaine et métropolitaine. Et je ne résiste pas au plaisir de vous livrer un tercé un peu moqueur écrit par quelque potache du XVe ou XVIe siècle :
Sanctus Yvo erat brito
Advocatus et non latro
Res miranda populo
(Saint Yves était breton, avocat et pourtant pas voleur, chose incroyable pour le peuple)

Il y a trois vitraux du XIIIe siècle dans cette chapelle. Ces vitraux sont dédiés à Sainte Marie l'Égyptienne, Saint Nicolas et Sainte Marie-Madeleine

 Pour plus de détails sur ces vitraux, cliquer sur les liens ci-dessous :

Vitrail de Sainte Marie l'Égyptienne

Vitrail de Saint Nicolas

Vitrail de Sainte Marie-Madeleine


Les Tableaux

 

Deux tableaux sont suspendus dans cette chapelle. Celui de gauche représentant le Christ en Croix est un tableau du XIXe siècle offert par une paroissienne. Celui de droite, qui se trouvait auparavant dans la chapelle Saint-François-de-Sales, représente Saint François de Sales offrant son cœur à la Vierge et à l'enfant Jésus. Ce tableau date du XVIIIe siècle et n'est pas signé.

Cathédrale de Bourges
St François de Sales offrant son cœur à la Vierge et à Jésus - Anonyme du XVIIIe siècle
Cathédrale de Bourges
Tableau du XIXe siècle offert par une paroissienne

SAINTE CROIX: SON HISTOIRE ET SIGNIFICATION

 

LA CROIX ET L’EMPEREUR CONSTANTIN

 

Je voudrais commencer par la vision de l’Empereur Constantin, selon le compte rendu de Saint Eusèbe de Césarée. « Comme il était persuadé qu'il avait besoin d'une puissance plus considérable et plus invincible que celle des armées, pour dissiper les illusions de la magie dans lesquelles Maxence mettait sa principale confiance, il eut recours à la protection de Dieu. Après avoir longtemps médité toutes ces raisons, il jugea que c'était la dernière de toutes les extravagances d'adorer des Idoles, de la faiblesse et du néant desquelles il avait des preuves si convaincantes, et il se résolut d'adorer le Dieu de Constance son père.

 

Constantin implora la protection de ce Dieu, le pria de se faire connaître à lui, et de l'assister dans l'état où se trouvaient ses affaires. Pendant qu'il faisait cette prière, il eut une merveilleuse vision, et qui paraîtrait peut-être incroyable, si elle était rapportée par un autre. Mais personne ne doit faire difficulté de la croire, puisque ce Prince me l'a racontée lui-même longtemps depuis, lorsque j'ai eu l'honneur d'entrer dans ses bonnes grâces, et que l'événement en a confirmé la vérité. Il assurait qu'il avait vu en plein midi une croix lumineuse avec cette inscription. « IN HOC SIGNO VINCES » : VAINQUEZ A LA FAVEUR DE CE SIGNE, et qu'il fut extrêmement étonné de ce spectacle, de même que ses soldats qui le suivaient.

Cette vision fit une si sorte impression dans l'esprit de Constantin qu'il en était encore tout occupé la nuit suivante. Durant son sommeil le Sauveur lui apparut avec le même signe qu'il lui avait montré en l'air durant le jour, et lui commanda de faire un Étendard de la même forme, et de le porter dans les combats pour se garantir du danger. Constantin s'étant levé dès la pointe du jour raconta à ses amis le songe qu'il avait eu, et ayant envoyé quérir des Orfèvres, et des Lapidaires, il s'assit au milieu d'eux, leur proposa le dessein et la figure du signe qu'il avait vu, et leur commanda d'en faire un semblable, enrichi d'or, et de pierreries ». (Saint Eusèbe de Césarée, « La vie de l’empereur Constantin », L.1, cp. XXVII à XXX)

 

LA CROIX ET SAINTE HÉLÈNE, MÈRE DE CONSTANTIN                           

Hélène partit vers la Terre sainte au lendemain du meurtre de son petit-fils Crispus, victime de complots dans la Rome impériale. Elle avait alors près de 80 ans.

Il convient de rappeler que l'empereur Adrien (76-138), après avoir détruit Jérusalem et chassé les Juifs de leur pays (136), rebaptisa la ville Aelia Capitolina et la fit reconstruire en y enlevant jusqu'au souvenir judéo-chrétien; sur le Golgotha, lieu du Calvaire, fut élevé un temple à Vénus. Sainte Hélène ne trouva que décombres et ruines païennes dans la Ville Sainte. Elle apprit, par révélation, que la croix avait été enfouie dans un des caveaux  du sépulcre de Notre Seigneur. A ce propos nous dira Saint Ambroise : « Elle commença par visiter les Lieux saints ; l’Esprit lui souffla de chercher le bois de la croix. Elle s’approcha du Golgotha et dit  "Voici le lieu du combat ; où est la victoire ? Je cherche l’étendard du salut et ne le vois pas." Elle creuse donc le sol, en rejette au loin les décombres. Voici qu’elle trouve pêle-mêle trois gibets sur lesquels la ruine s’était abattue et que l’ennemi avait cachés. Mais le triomphe du Christ peut-il rester dans l’oubli ? Troublée, Hélène hésite, elle hésite comme une femme. Mue par l’Esprit-Saint, elle se rappelle alors que deux larrons furent crucifiés avec le Seigneur. Elle cherche donc la croix du milieu. Mais, peut-être, dans la chute, ont-elles été confondues et interverties… » Mais, selon le récit de Rufin d’Aquilée, Saint Macaire, alors évêque de Jérusalem, qui l'assistait dans cette action, leva bientôt cette nouvelle difficulté. Ayant fait mettre tout le monde en prière, et demandé à Dieu qu'il lui plût de découvrir à son Église quel était le véritable instrument de sa Rédemption, il le reconnut par le miracle suivant : une femme, prête à mourir, ayant été amenée sur le lieu, on lui fit toucher inutilement les deux croix des larrons ; mais dès qu'elle approcha de celle du Sauveur du monde, elle se sentit entièrement guérie, quoique son mal eût résisté jusqu'alors à tous les remèdes humains et qu'elle fût entièrement désespérée des médecins. Le même jour, saint Macaire rencontra un mort qu'une grande foule accompagnait au cimetière. Il fit arrêter ceux qui le portaient et toucha inutilement le cadavre avec deux des croix ; aussitôt qu'on eut approché celle du Sauveur, le mort ressuscita.

Sainte Hélène, ravie d'avoir trouvé le trésor qu'elle avait tant désiré, remercia Dieu d'une grande ferveur, et fit bâtir au même lieu une église magnifique ; elle y laissa une bonne partie de la Croix, qu'elle fit richement orner ; une autre partie fut donnée à Constantinople ; enfin le reste fut envoyé à Rome, pour l'église que Constantin et sa mère avaient fondée dans le palais Sessorien (demeure de l'Impératrice) près du Latran qui a toujours depuis le nom de Sainte-Croix-de-Jérusalem. 

Or, au lendemain de la dédicace de cette basilique construite par Constantin et Sainte Hélène, aujourd’hui appelée, « basilique de la Résurrection », le 13 septembre 335 et donc le dimanche 14 septembre, l'évêque de Jérusalem montre pour la première fois à la foule le bois sacré de la Croix, devenant ainsi ce jour-là, la fête de célébration annuelle de la dédicace et de l'exaltation.  Cette fête devint très vite extrêmement populaire en Orient, et passa à l’occident dès le Ve siècle. 

 

LE SENS SPIRITUEL DE CETTE FÊTE

 

Chers frères, nous célébrons la fête de la Croix, de cette Croix qui a chassé les ténèbres et ramené la lumière. La Croix est donc une chose grande et précieuse. Est l’exaltation du Christ. Tel que Jean nous l’apprends la résurrection, l’ascension, commencent dès le vendredi saint. Il faut bien le savoir, pâque ne vient pas effacer la croix, comme si celle-ci était mauvaise. Pâque, au contraire de ce que nous pensons, vient dire que la Croix était la Gloire de Dieu.      

 

Quelle grande chose que de posséder la Croix, disait Saint André de Crète, celui qui la possède, possède un trésor. Je viens d'employer le mot de trésor pour désigner réellement le meilleur et le plus magnifique de tous les biens. En effet, s'il n'y avait pas eu la Croix, le Christ n'aurait pas été crucifié, la vie n'aurait pas été clouée au bois et les sources de l'immortalité, le sang et l'eau qui purifient le monde, n'auraient pas jailli de son côté… nous n'aurions pas reçu la liberté… et le Paradis ne se serait pas ouvert! S'il n’y avait pas eu la Croix, la mort n'aurait pas été détruite, et l'Enfer n'aurait pas été dépouillé de ses armes. 

 

Il nous faut donc redécouvrir le vrai sens de la croix. Au cours de son pèlerinage à Saint Jacques de Compostelle, un humoriste allemand raconte sa redécouverte de la croix. Le passage d’une colombe près de la grande croix dans le chœur d’une cathédrale lui fait prendre conscience dans quelle direction le crucifié regarde. Du point de vue du spectateur, sa tête est toujours inclinée vers la gauche, vers l’ouest, le côté où le soleil se couche, dans la direction de la mort. Mais de son propre point de vue, le crucifié regarde vers la droite, vers l’est, le côté où le soleil se lève. La direction de la vie.

 

Ce qui nous semble donc toujours échec et fin de tout espoir, est pour lui en vérité un commencement lumineux. Et l’humoriste va conclure en disant que c’est la perspective du crucifié qui est la bonne, et non pas la nôtre ! Voilà ce que la contemplation croyante de la croix peut nous faire percevoir. Il n’est donc pas inutile de regarder vers celui qui a été élevé. De regarder le crucifié. Comme les Hébreux dans le désert, le regard « croyant » vers Jésus élevé sur la croix fait renaître l’espoir, nous fait entrer dans la voie du salut. Et il ouvert par là une voie royale non pas pour juger le monde, lui faire honte, mais pour que par lui, ce monde, notre monde, soit sauvé (Jean 3,17).

 

C'est pour cela, mes chers frères, que je trouve cette fête de l'exaltation de la Croix si profonde et si belle. Elle a non seulement le caractère d'une répétition comme le vendredi saint et Pâques, mais c'est comme si elle voulait intégrer toutes les questions, toutes les angoisses et tous les soucis qui ont toujours traversé les peuples chrétiens à travers leur histoire, de savoir d'où véritablement venait dans leur vie, dans leur existence et dans leur destin, la source du salut, et cette fête de l'exaltation de la Sainte Croix, signale simplement qu'il n'y a pas d'autre véritable signe de la victoire que celui de la croix. IN HOC SIGNO VINCES.

Source :  "La vérité vous rendra libre"  Blog de formation catholique du P. Silvio Moreno, IVE


L'Exaltation de la Croix dans les Très Riches Heures du duc Jean de Berry

Musée Condé à Chantilly