Page en cours de rédaction

 

Fragments de vitraux du XIIe siècle

 


Commentaire de M. Vincent Guinot sur l'inscription latine présente dans le vitrail du repas chez Simon

 

Le vitrail présente Marie Madeleine en train d'oindre de ses cheveux les pieds du Christ, accompagné probablement de Judas. Elle a éveillé ma curiosité, dans la mesure où elle est difficile à comprendre.

"[.]:CERGER[.]CRIMNA:VIS:EST:"

Le passage ne correspond à rien dans la vulgate. En soi, il ne veux rien dire : le verbe "cergere" n'existe pas en latin (non plus qu'un possible "cercere"), et le tour "vis est" constitue dans le contexte un grand solécisme ("vis" ne peut ici être traduit par "force"). On peut toutefois restituer CRIMNA en CRIM[I]NA et considérer qu'on a une version erronée de "CERNERE". Il est possible également que l'inscription ne s'arrêtait pas là, puisque la "bande" qui abrite l'inscription continue jusqu'à la fin du vitrail.

Je proposerais donc cette traduction : "Veux-tu distinguer les (tes, mes) crimes ? C'est ...".

Puisqu'on voit sans doute Judas en train de mettre la main dans le plat, épisode mélangé avec le moment où Marie-Madeleine oint les pieds du Christ, cette traduction prendrait un certain sens. Par ailleurs, après avoir reproché son acte à Marie-Madeleine, Judas est accusé par St Jean d'être un voleur ("fur") et de "prendre dans les caisses" (Jn 12,1-8). On met donc peut-être ici dans la bouche du Christ, les défauts reprochés à Judas, en premier lieu la cupidité/avarice ("avaritia" en latin).

On peut s'étonner pour finir, si ma traduction est juste, que les clercs qui présidaient à la conception des vitraux n'aient pas corrigé un latin si peu correct, même pour le Moyen-Age.

 


Documents à consulter ou à télécharger

Télécharger
M. Albert des Méloizes - Note sur un très ancien vitrail
Paru dans le IVe volume des Mémoires des Antiquaires du Centre (1870-1872)
Ancien vitrail.pdf
Document Adobe Acrobat 890.9 KB