Les Cloches
Cette page est réalisée grâce à l'ouvrage de Mgr L. Breton écrit en 1933 et intitulé "Les Cloches de la Cathédrale".
Historique
Avant la Révolution et dès le XVIe siècle sans doute, la cathédrale possédait une très belle sonnerie composée de douze cloches : quatre grosses et huit de moindre dimension. Voici leurs noms : Étienne, Guillaume, Ursin, Marie pour les grosses et Sancerre, Philippe, La Coquée, les Manaux, la Claire, la Prime pour les petites.
Guillaume pesait 1000 livres et portait la date de 1637; Ursin 1521; Marie 1523. Il est relaté en 1594 dans les délibérations du chapitre que "les deux grosses cloches de la tour vieille seront descendues, pour être montées dans la tour neuve, où l'on élèvera celle de Sancerre jusqu'au plus haut de la dite tour neuve".
La ville de Sancerre ayant du se rendre après le siège de 1573, le Maréchal de la Châtre s'empara des cloches et les ramena comme trophées à Bourges. L'une d'elles, la plus grosse (1500 kg), fondue en 1509 fut donnée à l'église Saint Bonnet. Une autre, plus légère, fondue en 1529, fut donnée à la cathédrale pour faire partie de la petite sonnerie et elle garda le nom de Sancerre.
Toutes ces cloches ont été fondues pendant la Révolution sauf la plus grosse, Étienne, conservée pour "sonner les réunions patriotiques et donner l'alarme dans les incendies". Refondue en 1761, elle eut pour parrain le duc de Berry qui deviendra le roi Louis XVI et pour marraine Adélaïde de France. En fait, les quatre grosses cloches, des douze que formaient la sonnerie, avaient été refondues en 1761, et suivant l'usage d'alors, la façon avait été payée par l'archevêque, le métal par le chapitre.
Au XIXe siècle, après le rétablissement du culte et jusqu'en 1829, il n'y eut pour le service religieux qu'une seule cloche. En 1827, le conseil de fabrique, considérant ses finances décida de réduire à trois au lieu des six initialement prévues le nombre des nouvelles cloches. La cloche la (Henry, 3200 kg) fut fondue le 13 juillet 1829; la cloche si (Caroline, 2360 kg) et la cloche do (Marie-Thérèse, 1830 kg) furent fondues le 17 juillet. Elles furent bénites le dimanche 13 septembre 1829.
Si les trois cloches nouvellement fondues étaient justes et s'accordaient entre elles, elles n'étaient pas d'accord
avec l'ancien bourdon Étienne. Une nouvelle cloche Étienne de 4570 kg donnant le sol fut donc fondue le 8 octobre 1829. Le vieux bourdon
Étienne fut descendu du beffroi et cédé au fondeur à la condition qu'il le briserait et "ne le vendrait à personne dans
son état actuel".
Il y avait donc dans la grande tour de la cathédrale, fin décembre 1829, cinq cloches; les quatre grosses récemment fondues, et
une petite, destinée aux Angelus et désignée sous le nom de Clavotte . Cette petite cloche, pesant 240 kg fut fondue le 30 octobre 1829 et offerte gracieusement par Isidore Cornevin en
reconnaissance de la commande de la sonnerie. Le 5 janvier 1842, pour mieux harmoniser la sonnerie, on refondit deux cloches : Étienne (sol) et Caroline (si). En 1873 on
s'aperçut que la cloche si (Caroline), était fêlée; au mois de juillet 1932, le second bourdon la (Henri), se fêla à son tour. On décida de refondre les deux cloches fêlées et
de remplacer les deux petites fa aigu, et la Clavotte (si bémol aigu). Le si (Caroline) sera remplacé par un ré et la Clavotte par un sol
aigu. C'est presque la réalisation du plan idéal envisagé par l'organiste Daniel dans son étude de 1840. Dès le 29 octobre 1932, la Semaine Religieuse publia : "Le projet prévoit quatre
cloches neuves ... Il semble qu'on a pas assez fait dans la paroisse Saint-Étienne de Bourges pour glorifier les victimes de la guerre ... nous proposons de graver les noms des victimes de
la guerre sur les parois de nos nouvelles cloches ... nous ferons donc les Cloches de la Paix ... nous inscrirons sur ces cloches "Je sonne la paix, je prie pour la paix, par la voix de ceux qui
sont morts pour l'établir dans le monde" . L'établissement de la liste des soldats dont le nom figure sur la cloche Daniel-Mathilde reste pour moi un peu floue. Au départ, on souhaitait
inscrire le nom de tous les soldats de la paroisse morts au champ d'honneur; puis on a élargi à la totalité de la ville de Bourges, puis au diocèse, enfin aux autres diocèses. Alors qui a choisi
?
Les quatre nouvelles cloches furent fondues à Annecy par la maison Paccard le mardi 19 septembre 1933. La bénédiction de ces
cloches eut lieu le 12 novembre par Mgr Izart, archevêque de Bourges. Ces cloches portent les noms d'Henri (bourdon de la, 3471 kg), Daniel-Mathilde (ré, 1463 kg), Célestine-Martine (fa, 846
kg), Louise (sol, 613 kg). Nous avons donc actuellement six cloches dans la grande tour de la cathédrale. Les deux autres sont Guillaume-Étienne (bourdon de fa - 6080kg fondu en 1841) et
Marie-Thérèse qui donne le do, pèse 1830kg et a été fondue en 1829.
Nb : La Clavotte n'a pas été refondue comme prévue initialement mais installée dans le clocher de l'église de Verdigny (Cher) où elle se trouve toujours actuellement. J'ignore complètement comment cela a pu se faire.
"Les Cloches de la Paix"
Avec photos de la liste des soldats inscrits sur la cloche Daniel-Mathilde
Anecdote
Comme le stipule pour Paris, l’article 1 du décret du 25 Juin 1791 : « les cloches des églises supprimées dans le département de Paris seront fondues ou coulées en monnaies, à raison de 24 pièces d’un sou à la livre, et de 48 demi-sous ». Même si le métal de cloche est cassant, la refonte fonctionne et de nombreuses monnaies sont fabriquées. En 1792, des ateliers monétaires temporaires et provisoires voient le jour (Dijon, Saumur, Besançon, Metz…). Ils ont pour but de marquer les monnaies en métal de cloche, du différent de l’Hôtel des Monnaies le plus proche. Le décret du 29 Janvier 1792 stipule : « les flans du métal de cloche fabriqués dans les villes de Besançon, Clermont-Ferrand, Arras, Dijon et Saumur y recevront sans déplacement, l'empreinte monétaire au coin des nouvelles empreintes ». Durant l’année 1792, 100 000 cloches sont fondues en France, et leur métal est utilisé pour la frappe des monnaies. A la fin du mois de février 1792, il a été fabriqué pour près de 6 millions de livres de monnaies en métal de cloche.
La photo ci-dessous représente une pièce de 5 centimes de l'an 8 (1799-1800) en métal de cloche - Atelier de Limoges (collection personnelle)
Documents à consulter où à télécharger
Bibliographie
Mgr L. Breton
Les Cloches de la Cathédrale (129 pages)
Imprimerie André Tardy - Bourges - 1934
M. Patrice Bizet
"Sur une énigme : La Clavotte de Verdigny"
Cahiers d'Archéologie et d'Histoire du Berry N° 180 de décembre 2009. Pages 13 à 16