Frédéric-Jérôme de Roye de la Rochefoucauld (1729-1757)

 

L'abbé Frédéric-Jérôme de Roye de la Rochefoucauld avait seulement 28 ans lorsqu'il succéda à Potier de Gesvres. Titulaire de nombreux bénéfices, il avait un train princier. Accessible toutefois aux humbles, il nourrissait jusqu'à 900 pauvres à sa table les années de cherté, les employant à des travaux de terrassement, distribuant par an 40 000 livres d'aumônes.

On connait sa brillante carrière : ambassadeur à Rome en 1743-1745, nommé cardinal en 1747 par Benoit XIV à la demande de Louis XIV (avec le titre presbytéral de Sainte-Agnès-hors-les-murs), académicien, grand aumônier de France en 1756, chargé de la feuille des bénéfices, président de l'Assemblée du clergé. Cela ne l'empêchait pas de s'occuper sérieusement de son diocèse, qu'il parcourut entièrement de 1732 à 1738, très pointilleux sur le chapitre de la propreté et du bon état des églises et des objets du culte (le Journal manuscrit de ses visites est conservé à l'archevêché). Après quoi, il publia plusieurs ordonnances synodales (1738-1744) concernant l'administration, les devoirs pastoraux, la prédication, les écoles, les sacrements, le soin des pauvres, la discipline ecclésiastique. Mais son nom est surtout resté attaché à son œuvre liturgique. Soucieux de rénovation, il transforma le calendrier du diocèse, peuplant l'année de saints locaux (en 1742, fut autorisé le culte de Jeanne de France), supprimant des commémorations douteuses, transférant des fêtes d'une date à une autre (saint Ursin du 29 décembre au 9 novembre). Il allégea la conscience des fidèles en diminuant le nombre de jour d'obligation (réduits à une trentaine), de jeûne et d'abstinence. Le plain-chant parisien, avec des variantes berrichonnes, était encouragé à condition que l'on observât un ton grave, en marquant les pauses. Il publia un bréviaire (1734), un octavarium (1737), un grand antiphonaire de chœur (1738), un psautier, le grand missel pour les prêtres (1741), un processionnal (1745), le rituel et un manuel diocésain (1746), l'Office des morts et un livre d'église à l'usage des laïcs (1747), un livre d'heures pour les fidèles (1748). Le cérémonial ne vit pas le jour, n'ayant pas plu au chapitre. Une véritable liturgie propre à l'Église de Bourges était ainsi créée; on conservait certains rites anciens du diocèse, mais on modifiait totalement l'office divin, notamment par une nouvelle distribution des psaumes selon les jours et les temps de l'année, avec des thèmes de méditation et des hymnes accordées à ces thèmes. Les leçons du sanctoral étaient renouvelées. Le cardinal recherchait la beauté de l'office divin, insistait sur la dignité des cérémonies, l'instruction du clergé et des fidèles (en prenant davantage de textes dans la bible) et l'enrichissement de leurs prières. Il supprima plusieurs abbayes et chapitres dont la Sainte Chapelle de Bourges.

Dans les querelles théologiques, il travaillait à pacifier les esprits, jouant un rôle modérateur lors de l'affaire des billets de confession, qui avait entraîné l'exil momentané à Bourges de plusieurs parlementaires (1753-1754). En 1735 s'était tenue à Aubigny la première réunion maçonnique de la région.

Il mourut à Paris et fut inhumé en l'église Saint-Sulpice où une épitaphe rappelle son souvenir.

Source : Guy Devailly - Le Diocèse de Bourges - Pages 119 et 120



Bibliographie

 

Mme Claude Laude : "Les visites pastorales de Mgr de la Rochefoucauld dans le diocèse de Bourges au XVIIIe siècle. (Thèse pour l'École des Chartres, 1974.) Un exemplaire déposé aux Archives du Cher.

Un résumé dans les Cahiers d'Archéologie et d'Histoire du Berry N° 39 de décembre 1974. Pages 70 à 74


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Théodoric Brimont. Le cardinal de La Rochefoucauld et l'ambassade de Rome de 1743 à 1748 Joseph Drouet
Revue d'histoire de l'Église de France
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