Léon Potier de Gesvres (1694-1729)

 

Léon Potier de Gesvres ( à Paris, à Paris) est un homme d'Église. Il a été le camérier du pape Innocent XI. En 1694, il fut nommé archevêque de Bourges, mais il ne résida jamais dans cette ville. Il fut nommé cardinal en 1719 par Clément XI à la demande du roi de Pologne, mais n'étant jamais allé à Rome, il ne reçut ni le titre, ni le chapeau cardinalice.

Homme grave, de bonnes mœurs, il utilisa sa fortune à de nombreuses bienfaisances, fondant des places gratuites aux eaux de Néris pour le clergé pauvre, instituant une donation de 50 000 livres pour les séminaristes peu aisés, faisant du séminaire son légataire universel. Grâce à lui des pensions purent être distribuées aux prêtres âgés ou infirmes. Il publia en 1708 un cérémonial minutieux, en 1716 un recueil des hymnes et antiennes du propre diocésain, en 1726 une édition française du missel pour les séminaristes. S'écartant du chant romain, il donna un recueil des Kyrie, Gloria, etc., suivant l'usage du diocèse, ouvrant ainsi la voie au gallicanisme liturgique de son successeur. Dans le domaine pastoral, il fit imprimer l'Instruction de saint Charles aux confesseurs et un catéchisme qui fut utilisé jusqu'au XIXe siècle. Sous son pontificat, l'affaire de la bulle Unigenitus provoqua les plus violentes discordes qui aient agité l'Église de Bourges depuis près d'un siècle. Le caractère autoritaire de l'archevêque n'était pas fait pour arranger les choses. Déjà, depuis 1710, la Faculté de théologie obligeait ses docteurs et bacheliers à signer un formulaire antijanséniste. En 1714, l'archevêque publia la bulle avec des commentaires, puis il condamna les Hexaples (paru à Amsterdam) et le livre Du témoignage de la vérité dans l'Église, qui faisait des évêques les délégués des fidèles. Les appelants, sous la conduite de Louis Roger, doyen du chapitre, s'agitaient à la Faculté : un mandement interdit l'appel sous peine d'excommunication (1718). Le lieutenant général s'opposa à son impression et fit proclamer une déclaration royale interdisant toute controverse. Potier de Gesvres obtint alors du régent une lettre de cachet, bientôt révoquée, contre Louis Roger. La guerre des libelles battait son plein : le 17 janvier 1721, fête de saint Sulpice, on trouva affiché à Bourges un placard violent contre les bénédictins qui étaient appelants. L'émotion fut grande, le procureur du roi déposa une plainte. Un pamphlet antijésuite circulait en ville, les invectives succédaient aux lettres anonymes. L'archevêque témoigna ses regrets aux moines de Saint-Sulpice, tandis que l'avocat Souciet, auteur supposé du placard, quittait Bourges. Mais l'atmosphère restait empoisonnée : le supérieur du séminaire, nommé commissaire par le roi, ne put obtenir du chapitre général des augustins la signature de la constitution Unigenitus, ni l'exclusion de trois professeurs de théologie. Le père Timothée de la Flèche, auxiliaire de l'archevêque, se distinguait par un zèle indiscret. Gesvres dut le remplacer par l'évêque de Bethléem.

Violente à Bourges, la tempête secouait aussi le diocèse : l'affaire la plus pénible fut celle du libelle des frères Contancin à Issoudun. Et surtout, les religieux de Saint-Cyran, éminemment suspects, bien que peu au courant des subtilités théologiques, furent dispersés.

A la fin du XVIIe siècle il fit absorbé la petite Communauté de la Providence (5 sœurs) par les Sœurs du Très-Saint-Sacrement.

Source : Guy Devailly - Le Diocèse de Bourges - Pages 117 à 119 et Jean-Yves Ribault - Cahiers d'Archéologie et d'Histoire du Berry N° 29 de juin 1972 - Pages 40-41



Héraldique

Ecartelé : 1 d'argent au lion de gueules, armé, lampassé et couronné du même; au 2 d'azur à trois fleurs de lis d'or, à un bàton de gueules péri en bande; au 3 coupé d'un trait, parti de trois autres qui font huit quartiers 1 fascé de gueules et d'argent de huit pièces; 2 semé de France; 3 d'argent a la croix de Jérusalem d'or; 4 d'or à quatre pals de gueules; 5 semé de France à la bordure de gueules; 6 d'azur au lion couronné et contourné d'or; 7 d'or au lion de sable couronné d'or d'azur à deux bars adossés d'or accompagnés de quatre croisettes de même, une en chef, deux en flancs et une en pointe; sur le tout d'or à une bande de gueules chargée de trois alé-rions d'argent posés dans le sens de la bande; au 4 de gueules à une croix d'argent sur le tout d'azur à deux mains dextres d'or, au franc quartier échiqueté d'argent et d'azur.